Fluctuat nec mergitur
Il n'est plus temps selon la Baronne de Rotschild, mais je vous la souhaite douce et paisible, du moins, plus calme que ce fuligineux mois de janvier qui laisse comme un goût de cendres...
Je reviendrai peu sur ces tristes événements, mais quittant un peu mon côté "pouet-pouet-camion", j'aimerais dire quelques mots sur une des retombées de tout ceci. Quand je suis arrivée le jeudi matin du 08 janvier, j'étais retournée et je savais que je commençais avec les 4èmes, ceux où se trouvent la petite M., qui, hélas pour elle, partage le même patronyme qu'un enturbanné trépané et surtout le petit O., né le même jour que celui où on a dégommé les Twin Towers et dont les géniteurs n'ont rien trouvé de mieux que de l'appeler du même nom que du commanditaire des attentats ricains... Ambiance.
Alors je me suis dit que j'allais mettre les mains dans le cambouis, défendre ce qui pourtant me semblait aller de soi, et faire prendre tout son sens à l'expression "Hussard noir de la République". Du coup j'ai laissé ce que je ressentais de côté, écouté mes nains pubères gavés d'infos qu'ils ne comprenaient pas ou alors très partiellement, et j'ai opposé un discours fondé sur des faits objectifs, des explications de vocabulaire alors que dans les médias le pathos régnait. Travail sur le dessin de presse avec la documentaliste, rappel de la loi, de ses limites, deux ou trois choses sur des gravures que l'on peut trouver dans les musées et à l'Institut du Monde arabe mais aussi discussions sur des caricatures anti-cléricales du 19ème siècle. Mes nains ont eu l'air content, ils étaient d'accord, rassurés, y compris Dame M. et O. qui ont posé des questions tout à fait pertinentes.
In fine, sur 700 élèves, 3 ou 4 gamins qui ont tenu des propos parfois limites, mais qui après discussion ont compris que bon, on tue pas des gens, même si on est pas d'accord avec ce qu'ils disent/écrivent/dessinent. Et puis les regards curieux des mômes, quand dans le réfectoire, à la minute de silence, ils ont vu certains des robots qui leur faisaient cours, s'essuyer les yeux (pour autre chose qu'une copie inepte).
Et c'est là que je suis remontée. Remontée par rapport à la presse qui a présenté l'école de façon apocalyptique. Si j'en crois ce que j'ai lu dans les journaux, entendu à la radio, les établissements étaient devenus un ersatz de Verdun 1916, une guerre de tranchées remplies de petits terroristes en herbe qui n'attendaient qu'un seul signe pour plastiquer la réserve de Français voire le prof de Physique qu'avait trop mal évalué leurs copies. En fait y'a eu 400 incidents (chiffre donné par Chef Suprême) sur 12 millions d'élèves... Alors bien sûr parfois ces incidents sont graves (ils sont trop nombreux on est d'accord) et je refuse l'angélisme, je ne connais que trop bien la façon dont fonctionnent certains bahuts défavorisés ou pas d'ailleurs, mais d'une part il serait bon aussi de rappeler qu'une partie de ces incidents (je parle de ceux liés à la parole) sont le fait d'ados, qui cherchent les limites et beaucoup sont dans la provoc parce que "ça fait cool" et rappelons que d'autre part on a pas attendu les journaleux pour prendre en main ces mômes, que ce soit les profs ou l'administration, pour établir un dialogue avec eux et leur famille. Du coup la position de la presse me semble tout à la fois malhonnête et surtout malsaine, puisqu'elle fait monter la mayonnaise sur un truc dont il faut parler certes, mais auquel il faut donner une juste place. En somme, il serait bon que la presse se remette en question et substitue à la tyrannie des sentiments une rigueur qui ne pourrait qu'apaiser tout le monde.
Mode front ridé et gastrite off.
Ce sont également des passions qui se déchainent sur la blogo couture en ce moment avec l'affaire M comme Marie. Je n'en parlerais pas moi-même, mais je relaie l'info : pour ceux qui reviennent de 3 mois passés dans le désert, voici toute l'affaire chez Biquette, un post chez Saki et un autre chez Tasticottine. Lisez et loin de la dictature du sentiment, on y revient, faites-vous votre propre opinion. Quant à moi, la mienne est faite, quand ça gueule, que ça s'indigne, que ça se fâche tout rouge, je préfère m'en tenir au concret, à la logique, à la démonstration scientifique. Si, si, malgré mon côté Mme Bovary éthérée...
Sinon, puisqu'il est question de création de patron, de l'a fait-l'a pas fait, je vous présente mes premiers pas dans le fabuleux monde de la coupe à plat.
Soyons claire tout de suite, je n'ai pas l'intention de sortir une jupe N comme Nunuche ou un top N comme Nouillasse, je fais ça pour moi, pour voir jusqu'où je peux aller et parce que la simple idée de faire du vrai sur-mesure me met dans un état de frétillement proche de l'épilepsie (je pense d'ailleurs sérieusement à me coudre une bavette).
J'ai décidé de commencer par le pantalon parce que j'aime bien me pourrir la vie, c'est mon truc. Et là j'ai été gâtée, parce que j'ai fait 4 versions avant d'arriver au Graal, à mon précieux que même je regarde le moindre saucisson brioché comme un Inquisiteur regarderait un hérétique, tellement j'ai peur de recommencer l'opération si mon cuissot en venait à décider que "le changement c'est maintenant".
Rassurons mon lectorat sur mon état de santé anémique, des fois, je vous le dis hein, sous le sceau du secret, j'exagère un peu, en vrai je continue à me taper des tartines de reblochon juste avant de dîner.
J'ai commencé, par paresse, il faut bien l'avouer, et aussi parce que j'étais curieuse, après une prise de mesure en bonnet Duforme, par essayer le logiciel gratuit mis en ligne par Grosgrain, fondé sur la méthode Aldrich. Me demandez pas qui c'est ce Aldrich, j'en sais rien, mais j'aime bien me la péter avec des références trop classes, trop pointues, sa mère. Bref, vous rentrez vos mesures et on vous calcule tout, z'avez plus qu'à tracer:
-Le plus, c'est facile d'emploi
-Le moins, voyez ci-dessous; Pour moi c'est clairement trop grand, ce qui ne veut pas dire que la méthode ne marche pas, mais j'ai voulu aller voir ailleurs si j'y suis (et j'y étais).
Let me introduce the second candidat, le favori, la méthode Gilewska:
Je dis le favori parce qu'il en est beaucoup question sur la blogo de celles qui jouent à la modéliste:
-Le plus, c'est complet et assez clair
-Le moins, y'a un truc qui doit pas non plus fonctionner pour moi parce que Epic Fail...
Tout cela pochait, c'était moche, mais faut l'avouer c'était aussi bidonnant. Mais bon, désespérée, j'ai jeté la toile aux orties...
Le troisième candidat est un outsider: La Couture familiale (avec la couverture à crever de rire), chinée chez Emmaus.On est dans le super classique en ce qui concerne la démarche, mais avec un effort de vulgarisation visible, puisque c'est clairement orienté vers la ménagère à mise en plis qui se retrouve dépourvue d'une bonne partie de ses neurones dès que Chéri-Chéri sort de la pièce.
-Le plus, la méthode est détaillée pas à pas
-Le moins, il manquait une info et j'ai donc utilisé (Misère!), mon bon sens pour y remédier.
Là aussi ça n'a pas été probant (le bon sens, le patronnage, une complète oeufs-jambon-fromage et ramasse tes dents), comme vous pouvez le voir ici, même si c'était légèrement mieux que les précédents (note j'avais déjà fait une rectif dessus). Le problème vient particulièrement de là, ça poche de façon assez peu gracieuse au niveau du ventre jusqu'au début de l'entrejambe. En ouvrant ma Bible Burda (ben ouais, on a beaucoup craché sur Burda ces dernières années mais leur livre sur la couture c'est d'la'balle), j'ai pu trouver l'origine du problème: Mme Noueuse z'avez le ventre trop plat, gna, gna, gna. J'ai bien tenté de remédier en augmentant considérablement ma consommation de bière, mais Zhom jugeant la méthode un peu radicale, j'ai changé d'option.
J'ai alors repris mes mesures au cas où et je me suis mise à traîner sur les sites de patronnage. J'ai alors ouî parler de Mode pour Lol. J'ai commandé le CD (motivée qu'on vous dit) et en voiture Roberte. Je ne suis pas fan du personnage qui fait tagada-pouet-pouet, j'ai même plutôt envie d'initier une pédagogie de la batte de base-ball quand je l'entends, ceci dit, pour le reste je n'ai rien à dire et le fait que ce soit en vidéo est assez rassurant.
-Le plus, c'est facile à suivre et assez efficace
-Le moins, ce n'est pas la panacée et il faut faire régulièrement des arrêts pour suivre
Et là c'était mieux, pas parfait, mais mieux. J'ai donc fait ce que Bubu préconisait, j'ai absorbé le surplus devant de façon progressive, ce qui a abouti à une toile déséquilibrée. A ce stade j'étais presque chauve, mais je me suis reprise et tel un Bouddha du Perroquet, j'ai attendu l'Illumination. Elle est arrivée rapidos, paske j'avais pas que ça à faire de l'attendre, j'ai une vie, faut pas charrier. J'ai mesuré ma hauteur de fourche, et je l'ai comparée avec ce que je mesurais sur mon patron. J'ai trouvé une différence de 8 cm. J'ai décidé d'ôter 6 cm à ma fourche (ça me rappelle la vanne avec la Papaye, rappelez-moi de ne jamais vous la raconter) pour conserver assez d'aisance et j'ai ôté 4 cm devant (puisque c'est surtout là que ça pêchait) et 2 au dos, qu'était pas parfait non plus.
Ouf, j'ai fait une 5ème toile, tenace vous dis-je, et là, Alléluia, "Sonnez hautbois, Résonnez Musettes", ciel qui s'ouvre et anges qui chantent, ça tombait nickel, comme vous pouvez le voir là.
Une fois sûre de mon patron, j'ai tenté un short. Au départ je voulais quelque chose d'inspiré du short Chataigne (j'ai dit inspiré, pas décalqué tel quel sur l'original, gnarf, gnarf), mais j'ai eu peur de changer quoi que ce soit, je me suis dit que le changement finalement, ce serait pas maintenant. Je me suis hollandisé du short, quoi. Du coup j'ai fait une pièce très simple, avec braguette latérale et patte fermée par crochet sur la ceinture. Le tout SANS AUCUNE RETOUCHE...
Ouais, je sais, ça fait rêver. Voilà la bête et l'épilogue heureux d'un truc qui commençait mal. Ben je vous souhaite, les gens, que votre année se finisse de même.
La prochaine fois, si vous êtes sages, je vous parlerai d'une japonaise et de sa relation au poil. Et non c'est pas racoleur.