En attendant Godot
Pour vous faire patienter un peu (j'ai plusieurs trucs à finaliser et une rentrée chargée), voici un florilège de saison. Toute ressemblance avec un personnage ayant existé est totalement volontaire. C'est bien simple, dans l'Educ on est tous fous comme des dindons, mais moins que les parents qui nous laissent leurs gosses, héhé.
Vue de l'extérieur l'Education nationale est un vivier d'emmerdeurs toujours prêts à monter au créneau dès qu'on touche à
leurs sacro-saints privilèges, portés sur le gros rouge ou le petit blanc,
dépressifs de septembre à juin (le temps de leur arrêt maladie en somme) et
feignasses patentées qui cherchent à faire croire que même s'ils ont un service
de 18 heures semaines et presque 4 mois de vacances dans l'année, ils font de
façon effective plus de 40 heures par semaines.
Vue de l'intérieur...Beh, ça
fait peur aussi. Admettons-le, le préjugé est plus difficile à détruire qu'un
atome, comme disait ce brave Al, tout simplement parce que le préjugé se base
ici sur une observation en milieu professoral (autour du centre névralgique
qu'est la machine à café). En général on peut observer la faune
suivante:
-Le lourdeau: disons- le tout de suite, et à mon grand regret,
c'est souvent l'abruti à épaules carrées et boîte crânienne étroite qui fout
tout le monde mal à l'aise dès le 1er jour en balançant des vacheries sur les
absents et des commentaires salaces sur le fondement des petites stagiaires.
Soyons, franc, ne passons pas par 4 chemins, ne tournons pas autour du pot, pour
tout dire, le lourdeau est souvent prof de sport... Ouf voilà c'est dit.
Attention, tous les profs de sport ne sont pas affligés de cette tare
congénitale qu'est l'hydro-encéphalie, cependant il est statistiquement démontré
que ce handicap est très présent chez les enseignants de cette noble
discipline.
L'oeil bovin, la lippe pendante, le lourdeau guette avec avidité
le moment où il va placer sa dernière subtilité (''Vous la connaissez celle de
la p*te et du concombre?'') .
Ce n'est qu'à la fin de l'année, après avoir
entendu 132 fois des blagues sur les cucurbitacés et les péripatéticiennes,
après s'être fâché avec la quasi intégralité de l'équipe féminine et avoir fait
disparaître mystérieusement deux élèves lors d'une séquence consacrée à la
spéléo qu'on comprendra pourquoi le lourdeau est un lourdeau. Il arrive
accompagné de bobonne, une femme avec une poigne allemande et qui se trouve
avoir autant d'humour qu'un colloque de Sarkozy sur les violences policières.
Lourdeau est brimé à la maison et tel un bon gros labrador empâté, il se défoule
quand il n'a pas de laisse... au bahut.
-Le playboy: Il en faut un, en
général il appartient à la jeune génération. Attention, rien à voir avec le prof
de physique psychotique qui murmure ses cours pendant que la moitié de la
classe engraisse Bouygues et consort en s'envoyant moult SMS. Le playboy est sûr
de lui, ça se voit à son tee-shirt de playboy acheté chez Hugo Bogoss (bilan de
la séance d'essayage: 2 vendeuses en dépression, un vendeur démissionaire) qui
lui colle aux pectoraux bodybuildés juste ce qu'il faut. Il a travaillé son
bronzage tout l'été et déclare à qui veut l'entendre qu'il s'est à peine exposé
(il a passé deux mois à Ibiza à chasser la gueuse).
Playboy s'aime, Playboy est beau comme un mannequin, d'ailleurs il a eu des propositions dans la mode (Carrouf pour sa collection vêtements homme il y a 5 ans), il fréquente des stars (il a aperçu le yacht de Johnny à Saint Trop), mais Playboy est prof de Sciences-Nat. Il scanne donc tout ce qui a du potentiel dans la gent féminine présente dès le premier jour et ne lâche pas la grappe de la profette qui lui semble être la plus décorative. Car Playboy n'est pas un métaphysicien, il a un grand succès au Macumba local quand il se déchaîne sur du Britney Spears, mais le hic c'est qu'il n'a pas compris qu'on ne chasse pas la pimbèche au corps pro-fesse-oral (oui je sais, j'en suis fière de celle là), comme la minette en débardeur à paillettes du Saturday Night Fever. Playboy finit donc par draguer tout ce qui passe sous sa main en salle des profs, femmes, hommes, secrétaires, chaises. Il se console alors en observant de loin l'effet que provoquent ses jeans ultra- moulants sur les hormones de ses élèves à râteliers dentaires et accessoirement en donnant un cours sur l'amibe et ses caractéristiques
-La Ragnagna: nous arrivons à l'espèce de loin la plus agaçante,
casse-bonbon, chieuse, emmerdeuse, preneuse de chou qui puisse exister; la prof
de Français. Dans le troupeau Benvenistien il y a un spécimen, vous
annonçais-je , particulièrement irritant pour les oreilles et la tête: la prof
de Français ragnagna. Elle a la trentaine dépassée, partage avec le playboy un
goût immodéré pour la frusque de créateur qui la fait si bien sortir du lot, et
vous regarde avec un air pincé, voire méprisant dès le début. Le malheur veut
qu'elle parle, ou plutôt qu'elle vous agresse verbalement dès qu'elle ouvre la
bouche: ''Quoi? Une réunion de plus? Ah non, ah non, on va m'entendre!!!". Et
hélas, oui, on l'entend (pour la réunion, la remise des notes, le pq dans les
chiottes). Elle s'agite, court d'un bureau à l'autre, peste, tempête, monte sur
ses ergots de poule naine pour que dalle, parce que ragnagna brasse du vent. Si
elle réussit c'est normal (bien qu'elle affecte un semblant de modestie), si
elle se plante elle trouve des excuses foireuses qui ne trompent personne (c'est
machin qui... c'est le correcteur qui.. c'est le principal qui...). Rencontrant
peu de résistance, elle fait peur faut bien l'avouer, elle procède à un travail
de terreur sur ses collègues qu'elle harcèle avec une ardeur pitbullesque, leur
parlant avec le calme d'un hyperactif qui aurait le doigt coincé dans une prise
de 220, jusqu'au jour où, excédée, le jeune prof qu'elle stresse depuis le
premier jour lui parle sur le même ton. Ragnagna, destabilisée par ce ton
hargneux fait une tête de Bambi effarouché, balbutie deux ou trois mots, elle a
trouvé son maître et va se passer les nerfs le reste de l'année sur un autre
collègue.
-Le chevelu: il est souvent prof d'Art- Pla ou de musique. Quand il arrive à la rentrée on le
prend pour un ouvrier du bâtiment et on lui indique la caravane au fond de la
cour, il fume ses roulés, bermuda au vent, et tatanes de Jésus qu'il enlève de
façon ostensible dans l'atmosphère guindè-che d'une réunion avec le proviseur,
il faut bien que l'orteil s'aère. Il porte le cheveu long et sans doute
dreadlocké il y a plusieurs années. Maladroit, attachant, il fréquente un tas de
gens bizarres, naturopathes, bassistes de 50 ans et vieux punks dont il a sans
doute fait partie dans sa jeunesse pas si lointaine. Il égaie les soporifiques
conseils d'enseignement en émettant des hypothèses pollardistiques sur les
élèves. On le soupçonne d'aimer les plantes sous toutes leurs formes. C'est le
marginal du lot.
La liste est loin d'être complète, citons simplement le
vieux prof bourru , champion de l'ordre et de la rigueur germanique qui décrète
que la pédagogie c'est de la merde et qui fait le même cours depuis 30 ans, la
prof de techno de 26 ans, complexée par ses 102 kilos pour 1m62 et qui se venge
en tyrranisant les collègues pour qu'ils payent leurs cotisations à l'Amicale
dont elle est présidente, sans parler du prof d'Histoire Géo à moitié coco qui
porte fièrement en boutonnière son marteau et sa faucille chaque hiver en rêvant
de transformer le collège en Kholkoze.
Y'a des gens normaux aussi, des
gens qui s'appellent Michelle ou Frédéric, qui ont un chien, deux ou trois
gosses, qui regardent le film du dimanche soir. Mais franchement sont vachement
moins drôles.