Les Aventuriers de la flanelle perdue
Je vous avais parlé la dernière fois de mon super prochain ouvrage méga punk, un pantalon en flanelle grise.
Je vous imaginais déjà en train de languir telles des dames aux camélias devant votre écran en attendant de voir ce chef d'oeuvre pantalonesque. Seulement ça s'est pas du tout passé comme ça...
Les Aventuriers de la Flanelle perdue, épopée en vers (et contre tous)
Notre héroïne se leva un glorieux matin,
pleine d'allégresse et d'entrain.
Elle ne s'était pas dit "C'est aujourd'hui que je le perds",
je parlais du coupon de flanelle, vous aviez deviné j'espère.
Elle avait trouvé cette laine,
en visitant des contrées lointaines (l'Emmaüs de Neuilly Plaisance).
Il était donc temps qu'elle lui fasse un sort,
sans crainte d'un combat à mort (ben la pose de braguette c'est dur).
Elle s'engagea dans le sombre royaume,
ignorant les pervers gnomes (mon crétin de chat pionçait dans l'armoire à tissus)
Et chercha désespérement
l'objet de tous ses tourments (j'ai tout retourné mais que dalle...)
Elle parcourut le pays hostile (Z'hom avait foutu un bordel monstrueux)
Mais alors son espoir fragile
S'éteignit à petit feu...
Mais où qu'il est ce screugn!/ù^=&* de coupon de flanelle??? J'ai fini par abandonner au bout d'une heure de recherches vaines. Passablement énervée j'ai pris un coupon de polyester noir extensible à la place, acheté un jour de déprime sur un marché de Montreuil (z'avez remarqué qu'on achète toujours n'importe quoi quand on est déprimé). Je me suis dit qu'au moins si je le plantais, ça me ferait pas mal à la tripaille.
Au fait, voici le modèle, patrones du mois de décembre, coupe italienne (je sais pas ce que ça veux dire mais ça fait ttttttttttttélément classe, Amoréééééééééé!).
Vous ai-je parlé de ma fâcheuse tendance à rien comprendre au montage de braguette?
Replaçons le contexte: je suis une fille raisonnablement pourvue de neurones, ce qui me permet de parler avec une syntaxe à peu près correcte, de faire des oeufs brouillés et de comprendre des instructions de couture. Sauf que mis à part une fois, et je pense que ce fut le fruit d'un heureux hasard, je n'ai jamais posé correctement une braguette. Je me souviens de ces modèles sur lesquels j'avais penché mon front douloureux pendant des heures et qui donnaient un résultat à crever de rire exprès pour m'embêter, j'en suis sûre. Du coup je ne cousais que des modèles avec fermeture invisible sur le côté. Bref j'avais beau relire, et la lecture c'est quand même mon fond de commerce, j'y arrivais pas.
Sauf que je suis tombée sur ce lien:
http://www.taunton.com/threads/pages/tvt008.asp
Et là, Fiat Lux (traduction littérale: qu'EDF allume votre ampoule), c'était d'une simplicité Eve Angeli'que (c'est dire si c'est con-con) même expliqué en ricain et que c'est tant mieux vu qu'elles ont pris la poussière mes connaissances de la langue de Shakespeare depuis le temps... J'ai réussi du 1er coup, elle est parfaite et depuis j'ai des envies compulsives de faire des pantalons à tout ce qui passe à ma portée, y compris mon idiot de félin qui dort dans l'ignorance totale de la folie de sa maîtresse.
Si le montage de braguette n'a pas posé problème, le montage de ceinture a viré au cauchemar. Je suis obligée de vous parler de mon anatomie pour que vous compreniez l'étendue du problème insondable et tout à fait catastrophique qui me préoccupe quotidiennement. Il se trouve que j'ai deux tailles de décalage entre mon bassin et ma taille, ce qui me donne un air furieusement chicos de sablier mais qui me pourrit la vie dès qu'il s'agit de monter une ceinture (faites pas gaffe aux traces de dentifrice sur la glace, mes gens chont en vacanches-avec the Nogentais accent-).
Là, la ceinture elle était droite, voyez où je veux en venir? Ben ça a pas manqué, j'ai monté, démonté, remonté, renoncé à inaugurer la discipline olympique de lancer de pantalon par la fenêtre. En désespoir de cause j'ai retaillé, ce qui donne un truc à peu près portable mais curieusement asymétrique en haut de la glissière. Pour la photo du drame, c'est là, attention, écartez les enfants, ces images sont d'une durété insoutenable(la couture est de votre servitrice, le poilage est de Koubi, chat inutile et fourbe).
Si vous rajoutez qu'en plus il monte trop haut à mon goût (coupe ultra classique), que le boot cut est plutôt ballerinecut voire tongcut, et que le tissu, trop extensible et sans tenue, fait gagner une taille au pantalon au bout de 10 minutes de portage, vous comprendrez mon amertume.
La prochaine fois, si vous êtes sages, je vous expliquerais pourquoi la framboise (moi aussi j'ai le droit de faire ma Christine Angot avec des titres qui sont comme ses livres, on y comprend rien).