Les Hauts du Hurlevent ta Mère!
N'ayons pas peur des caricatures les plus crasses, ce que j'aime le plus chez nos amis Angliches, ce n'est pas leur excentricité , porter un collant jaune avec une robe imprimée de poulpes rose fuschia ne me fait pas tripper, ni leur cuisine, euh surtout pas leur cuisine, ni même leur majestueuse momie qui porte le pot de fleur sur la tête comme personne. Non, ce que j'aime, c'est la politesse. Vous me rétorquerez, et vous aurez raison, que tous les Anglais ne sont pas polis, que même certains ont une fâcheuse tendance à vous défoncer le crâne à coup d'Union Jack si vous avez le malheur de les croiser après un match de foot (sport de gentlemen qu'y disaient), mais avouons que le flegme britannique et la cup of tea avec le petit doigt levé (euh pas le même que chez les aimables supporters de foot précedemment cités) ne me laissent pas indifférente.
Voilà le mot qui me reste à la fin de cette année scolaire. Au risque de passer pour une réac de base qui militerait pour le retour de la blouse, du certificat d'études et des châtiments corporels (même si j'ai pensé remettre au goût du jour ces derniers 2 ou 3 fois cette année), je ne peux que constater que la politesse, la courtoisie, le savoir-vivre, c'est moyen tendance, voire même considéré comme pas fun du tout par une bonne partie des boutonneux et souvent, hélas, par leurs parents.
Ainsi la petite B., 6ème pourvue d'un 85C et d'un système hormonal particulièrement performant (la montée de sève chez elle c'est du 1er mars au 29 février), a passé la moitié des heures de Français à mâcher du chewing gum avec une distinction que lui aurait envié Katharine Hepburn, l'autre moitié du volume horaire étant consacrée à essayer de faire croire à la vioque qu'est au tableau que non, elle ne venait pas de s'asperger de parfum Yves Rocher alors que toute la classe tournait à moitié de l'oeil sous les effluves de vanille chimique et que je l'avais vue ostensiblement ranger le-dit flacon bien au chaud avec son Closer dans son sac. C'est la même qui, lors d'un exercice de mime fera semblant de ne pas comprendre pourquoi il est déplacé d'imiter Zahia en séance d'escalade avec Ribéry.
La deuxième place est attribuée à J. arrivé en milieu d'année, mais qu'on avait, hélas, déjà pratiqué vu qu'il s'était fait virer de l'établissement l'an dernier. Non content d'avoir un physique de souteneur albanais, le petit J. en avait hélas la mentalité. Si bien qu'avant la fin du 2ème trimestre ses manières douteuses foutaient les jetons à la moitié des élèves du beau sexe du collège. En gros à toutes celles possédant ne serait-ce qu'un embryon de poitrine. Ajoutez à cela le fait qu'entre deux siestes (à se demander si l'hypothèse du souteneur...) dans un pur élan d'altruisme, de peur que ces braves femmes de ménage ne s'ennuient, il créait des oeuvres d'art éphémères à base de bouts de gomme, d'emballages de bonbons, de morceaux de papiers, transformant les salles les plus rutilantes en bauges immondes et ce durant 7 longs mois. J'ai mis moins de temps à apprendre la propreté à Koubi...
Mais la 1ère place revient sans conteste à ce triumvirat de l'enfer de ma 3ème Isabelle Giordano. B., H. et P. ont employé toute leur année à pourrir le quotidien de la vie de la communauté scolaire entière sous l'oeil complaisant de leurs camarades de classe. Ainsi B. non content de pousser des gloussements, fort mal caché derrière sa mimine, de faire semblant de tomber de sa chaise 3 fois par cours ou de déplacer les affaires de tous, n'importe où, ne manquait pas de venir se planter devant mon bureau à la fin du cours, surtout quand il avait été odieux (c'est à dire 9 fois sur 10) et à me claironner un "Au revoir Madame" avec un air tête-à-claques furieusement hypocrite. H., son grand copain à-la-vie-à-la-mort jouait à peu près sur le même registre, mielleux au dernier degré mais profitant du moindre moment de faiblesse pour subtiliser les affaires de ses profs ou y jeter des chewing gum secs (la perversité a ses limites quand même). Mais cela n'est rien comparé à P., persuadé d'être sorti de la cuisse de Jupiter, voire d'Einstein, de Mozart et de Brad Pitt en même temps (ce dont on peut imputer la responsabilité à ses géniteurs) et qui a passé 10 mois à s'adresser à l'ensemble de ses profs comme s'ils étaient des demeurés, à contester systématiquement les notes (il était évident que derrière les fautes d'orthographe, de ponctuation, de grammaire, de vocabulaire et de syntaxe nous n'étions pas capables de détecter le vrai talent) et à nous parler comme l'aurait fait le Duc d'Orléans au dernier de ses gens. J'ai vu les parents deux fois dans l'année. La 2ème fois ça a duré 1h30 et quand je suis rentrée j'ai arrosé méthodiquement à l'arrosoir mes 700m carrés de terrain pour me calmer. C'était ça ou me laisser aller à un alcoolisme sauvage. Z'hom m'avait proposé de lui apprendre musculairement la politesse, j'ai décliné l'offre mais ça m'aurait fait rire un peu quand même.
Bref, débarassée de mes boulets adolescents j'ai maintenant toute latitude pour vous montrer dans la thématique, soyons romantiques, soyons polis, soyons Anglais, quelques créas pleines de douceurs dans ce monde de brutes:
Tout d'abord le pull de fée II, le retour, je suis un peu le Rambo du tricot, je suis retournée en découdre avec l'Aurore de Phildar. Ce sera sans doute ma dernière version, deux pulls de ce modèle suffisent amplement. Bref comme d'habitude, facile mais long à faire, joli résultat mais dans une couleur plus girly que la dernière fois (en même temps la couleur Amande est pas non plus une teinte de chauffeur routier). J'ai également adapté le modèle pour l'aiguille circulaire et, allez savoir pourquoi, y'a 2 mailles qui m'ont échappé, un peu comme la logique de mes élèves d'ailleurs et du coup j'ai du rattrapper le trou à l'aiguille. M'enfin c'est complètement imperceptible. Voyez plutôt et ignorez le mouchoir de poche en guise de jupe, j'avais déjà un truc en mohair par 30°, je vais pas pousser le sacrifice jusqu'à arborer un pantalon de ski:
Ensuite j'ai littéralement fondu devant le côté structuré et masculin du petit haut à noeud-noeud du Burda de mars 2012, c'est celui-là, le 119:
J'ai choisi de le faire dans une résille mauve, histoire de conserver un air martial et guerrier. J'ai ignoré les instructions Burda qui préconisaient de replier le tissu et de faire un ourlet, j'ai préféré poser des biais que j'ai fini par une couture main. Comme je voulais des finitions rigoureuses, voire germaniques, j'ai laissé les ourlets à cru (en vrai j'avais la flemme après 1h de couture à la main pour mes biais. J'adore ce top, il me donne envie de m'allonger sur un lit de rose en chantonnant Gentil coquelicot un verre de grenadine à proximité de moi. Enfin presque. Je compte d'ailleurs le réemployer mais en le rallongeant pour en faire une petite robe d'été.
Enfin, comme c'était trop facile, j'ai fait cette chemise du Burda de mai 2012 dans un voile blanc acheté au marché des Bosquets de Clichy-sous-bois.
Elle n'a pas été trop compliquée à faire mais en revanche elle taille très petit (ou alors c'est les dix kilos de gâteaux apportés de façon hebdomadaire par mes collègues qui se sont brutalement rappelés à moi). Du coup la patte se soulève légèrement quand elle est fermée. Cela dit elle fait un peu Chantal Goya portée ainsi, à cause du col légèrement arrondi, du coup je la porte ouverte et basta cosi.
La prochaine fois, si vous êtes sages, ce sera vitamine pour tout le monde.