Purple rain
Pour faire court, je vous la souhaite bonne et joyeuse, sachant qu'on peut toujours faire pire mais restons optimiste, c'est sûr cette année:
-on va toutes gagner au loto
-on va manger comme des pourceaux sans que les analyses de tri glycérides sourcillent
-on va être heureux 24/24 et le ciel sera toujours bleu (bon ça c'est presque mort déjà)
-on va coudre comme des petites mains de chez Chanel sans effort
En tout cas c'est tout le mal que je vous souhaite, mais....
La merde arrive toujours en escadron, comme le disait très élégamment un grand philosophe auvergnat du siècle dernier (le même qu'a dit "Les escargots n’aiment pas les Français. C’est pourquoi les Français
doivent se méfier des escargots qui, sous des dehors bon enfant, cachent
en réalité une âme de fauve prêt à bondir"). Et là j'ai eu un mois de novembre digne d'une session d'entraînement intensif de la patrouille de France. Y'a eu des trucs mouillent-à-tes-yeuses et des trucs moins graves mais aussi pénibles qu'une poussée d'hémorroïdes. Voyez l'tableau.
Du coup j'ai eu mollement envie de scribouiller vu que j'avais l'esprit totalement occupé à retrouver une positive attitude de brailleuse blonde décérébrée.
M'enfin là, entre deux bouchées de restes de dinde, je m'en vais vous écrire une bafouille vu que faut pas déconner non plus, nanméo, sur du léger. Et là, ça va être du lourd. Ouais, je sais, je viens de dire le contraire mais si on peut plus faire sa maline avec des antiphrases, où va-t-on ma bonne dame? Hein? Je vous le demande...
Bref, replaçons le cadre tout d'abord: Z'Hom et moi on regardait tranquillement un chef d'oeuvre du cinéma français, un drame psychologique dressant un tableau sans concession de la société, diatribe dont la finesse n'a d'égal que la profondeur sur la lutte des classes. Donc, disais-je, on regardait Camping II, quand tout à coup, mon poil se hérissa, mes oreilles se dressèrent, mes pupilles se dilatèrent et j'émis un grognement sourd traduisant un sentiment de terreur profonde. Un traumatisme oublié depuis longtemps avait ressurgi des tréfonds de mon passé. Franck Dubosc écoutait "Gentil dauphin triste" de Gérard Le norman...
Pour ceux qui connaissent pas, je vous déconseille formellement de vous mettre ça dans les esgourdes. Pour ceux qui lisent ce blog avec une combinaison en latex assis sur un siège à clous, voilà le lien où vous pouvez écouter ce morceau sataniste, disponible dans toutes les bonnes messes noires près de chez vous.
D'ailleurs comme il est hors de question que je souffre seule et que vous vous vautriez dans une ignorance béate, voici l'un des couplets de cette litanie démoniaque (éloignez les mômes quand même, si vous voulez pas avoir des factures de psychiatre qui grèveront votre budget tissus):
Moi le gentil dauphin
Je n'y suis pour rien
Je ne suis pas méchant tu le sais bien
Si tu me fais la gueule
Je vais rester tout seul
On va rater nos vacances d'été
Moi le gentil dauphin
Je n'y comprends rien
Pourquoi tout ce fracas ce cinéma
Pour un poisson bidon
Un requin de carton
Allez soit chouette envoie-moi ton ballon
Oh ! oh ! oh ! oh ! que je suis triste
oh ! oh ! oh ! triste triste triste
Je peux vous dire qu'après ça on trouve qu'Amel Bent est la Louise Labbé du XXIème siècle...
Il se trouve que depuis ma plus tendre enfance je hais Gérard Lenorman et son glucose musical, c'est comme ça, j'y peux rien, j'ai des pulsions de meurtre dès que j'entends sa voix. Le problème c'est que Z'Hom s'est roulé par terre de rire, ou pas loin, en écoutant cet hymne à Belzébuth et que depuis il l'utilise comme moyen de pression quand je refuse de lui dire ou j'ai planqué la dernière gaufrette. Mon tyran domestique a d'ailleurs l'intention de mettre "gentil dauphin triste" comme sonnerie de portable, ce qui me donne, par avance, envie de m'ouvrir les veines avec les dents, mais qui a l'avantage certain d'éloigner de façon définitive toute pouf libidineuse de ma propriété. Gérard Lenorman est une arme de destruction massive, qu'on se le dise.
Cela dit j'ai une botte secrète, s'il continue à m'opprimer le conduit auditif, j'investirais dans une paire de boule Quiès (Quillès?) et un CD Best of d'Yves Duteil. Et là ça va moins rigoler, je vous le garantis.
Bon, j'ai pas fait que me dégrader la trompe d'eustache, j'ai quand même fait deux ou trois machins dans la thématique Purple Rain, parce que la chanson qui fout bien les glandes c'était quand même de saison.
J'ai d'abord fait un truc super gratifiant. 2 pièces de patron en tout et pour tout, 4 pinces, surfilage contrastant tout autour, montage de manches et pouf- pouf, fini, j'avais un cardigan modulable et super chaud (tissu maille mohair du marché de la Croix Chavaux). Le corps n'est qu'un bête rectangle avec deux trous pour les bras. Les pinces apportent un peu de structure, et en rallongeant un peu en haut on peut en faire un gilet à col dégoulinant assez sympa.
Le patron vient du numéro de Patrones décembre 2005, voyez plutôt:
Et avec effet (j'ai découvert un site comme Toshop mais en gratos et plus simple, c'est Picnik, alors vous allez en bouffer de la photo artichtique) Et là vous voyez un peu mieux le col.
Après j'ai voulu faire ma pin-up, un peu dans le style de la nénette de Mad World, en moins rousse, en moins plantureuse de la croupe et du nichon, mais on fait ce qu'on peut avec ce qu'on a. J'ai jeté mon dévolu sur ce modèle, une robe Burda col carré à mancherons terrriblement classe. Et pis ça tombait bien il me restait un morceau de lainage fin de très belle qualité et légèrement extensible, violet foncé. Sauf que ça a été Le Retour du Coupon maudit...
Tout se passait on ne peut mieux, quand j'ai voulu faire le 1er essayage. Fallait bien l'avouer, j'avais de la place pour une grossesse avancée (nan Maman, j'ai pas dit que j'allais me reproduire), disons un 8 mois et demi. Je rectifie donc...
2ème essayage: y'a un truc qui va pas, et ô stupeur!, je m'aperçois que l'arrière de la robe monte trop haut et dépasse de chaque côté. Un peu comme un écureuil volant. Et là c'est le drame, parce que je dois découdre la doublure et l'encolure qu'étaient toutes belles... J'ai fait ce que j'ai pu, Z'Hom aime bien mais elle est imparfaite. Du coup j'ai fini à la va-vite parce que j'étais écoeurée et que mes rêves de Dita Van Teese du 94 s'envolaient à tout jamais. Cela dit c'est peut être pas plus mal.
Vous ne verrez sans doute pas grand chose sur les photos mais elle est très loin de l'idée que je m'en faisais. Et là je pousse un coup de gueule contre Burda qui fait de très jolis patrons pour les grandes tailles mais qu'aurait pas l'idée de faire la même chose pour les naines atrophiées de partout. Parce qu'il n'y a pas que les rondes qui ont du mal à s'habiller (je vous raconterai un jour mes essais de pantalon en prêt-à-porter, ça nous fera rire un peu).
Enfin, après 3 mois de dur labeur, mon Céleste est fi-ni. Et porté plusieurs fois parce que je l'aime "comme un fou, comme un soldat, comme une star de cinéma" (rien ne vous sera épargné).
Il est en Aurore couleur mûre et il a fallu deux pelotes et demi pour en venir à bout (Charlotte je te bénis 40 fois, toi ainsi que ton petit bouchon et l'intégralité des tiens qu'en demandent pas tant). Il est tricoté en deux parties à l'aiguille circulaire avec une couture au milieu dos et un grafting pour la bande dentelle d'encolure. Il est pas parfait non plus, j'ai trop tiré les mailles sous les bras, c'est pas tout à fait nickel et j'ai pas trop compris la mise en forme de l'encolure, du coup j'ai fait un point pour réduire la bande dentelle, mais il reste très beau et chaud.
Sur le livre il est présenté ouvert, mais moi je préfère le porter comme ça:
Vous avez le droit de vous rouler par terre d'enthousiasme, d'ailleurs cela ne serait que justice.
Pour finir, message personnel: Elodie, je t'ai prêté un patron dont j'aurais besoin assez rapidement, je n'arrive pas à te joindre sur Thread and the needle, alors si tu me lis, essaie de décalquer au plus vite et de me le renvoyer.
La prochaine fois, si vous êtes sage, je vous dirais: "Marius, as-tu du coeur?".