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Noueuse d'aiguillette
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17 février 2010

La journée de la jupe

Je vous le dis tout net, vous avez été à deux doigts de perdre votre servitrice. Avec mon tact et ma pudeur naturels, je n'en ai évidemment soufflé mot, histoire, en ces temps de crise, de violences scolaires et de Bolino, de ne pas vous traumatiser davantage, voire de provoquer un mouvement de panique collective.
Avant de vous expliquer pourquoi vous êtes passés tout près d'une longue phase de deuil irrémédiable, je vais vous faire part d'un de mes ennuis personnels que j'ai. C'est pas tous les jours que la Noueuse ouvre les portes de son palace, alors "Oyez, oyez bonnes gens", c'est tout de même la moindre des choses.
Donc Z'hom et moi avons un jour décidé de résoudre ensemble les problèmes qu'on avait pas du tout tout seul (Mr Wilde qui a eu le bon goût de ne jamais convoler appelait ça le mariage, nous on est à la colle, mais c'est tout comme) et donc de se trouver un petit nid of love.
Après des recherches infructueuses, en gros 26 apparts qui auraient tous pu postuler pour un casting de la Maison de l'Horreur, loués à des prix astronomiques, nous avions jeté notre dévolu sur un joli écrin dans une banlieue chicos. Le proprio m'avait fait moyen bonne impression, un bonhomme très BCBG qui ne daignait répondre aux questions que quand c'était Z'hom qui les posait. Après tout la femelle n'a pas à se mêler des histoires d'homme, on est pas des tafioles, diantre!
Puis quelques mois plus tard la chaudière a commencé à merder. Grave. Faut dire qu'on a une vraie oeuvre post-moderne à la place du machin qui devrait réguler la chaleur, avec fils qui pendouillent et tuyaux divers et variés qui donnent un côté follement FIAC (foire international de l'Art contemporain) à ma salle de bain qui, du coup, colle parfaitement à l'ambiance so Marie Chantal de notre commune. On soupçonne que ça n'a pas été monté par un professionnel, ou alors par un chauffagiste fou monomaniaque des oeuvres de Mikaelof.

                                                               images

J'envoie donc quelques mails à mon bien aimé proprio qui répond d'un ton condescendant à la femelle qu'a toujours pas compris que sa place est près de l'évier qu'il veut bien royalement prendre en charge la moitié des travaux. Bobonne lui envoie le texte de loi qui stipule que les travaux sont à sa charge exclusive.
Moyen content Monseigneur. Travaux faits mais la chaudière tombe en panne entre 6 à 8 fois par an. En général quand il fait le plus froid sinon c'est moins drôle. Elle nous hait vraisemblablement et, ma foi, c'est réciproque.
Dernièrement on a quand même eu une éclaircie dans nos rapports chaudieresques, Salopa II, le retour, a daigné faire la grève de l'eau chaude uniquement. Sauf que contrairement à la SNCF elle donne pas de préavis, la garce.

J'étions donc tranquillement en train de me récurer le crâne quand le drame arriva, les veuchs plein de mousse sponsorisée par Jean Louis David, inconsciente de la tragédie qui était sur le point de se nouer, comme dans toute tragédie me direz-vous. J'étions donc en train de me rincer vigoureusement la calebasse quand l'eau devint soudain glacée. Pas un peu fraîche, pas revigorante, juste de quoi me transformer en moussaka surgelée. Bien sûr Salopa est potache, après avoir alerté tout le voisinage de ma déconfiture, il a fallu me rendre à l'évidence, j'avais encore de la mousse plein les yeux et un dilemme que même Corneille en avait jamais écrit de pareil: "To rince, or not to rince" (oui, bon, je sais bien que c'est pas Corneille mais Picasso qui a écrit Hamlet). J'ai donc rincé, au péril de ma vie, avec l'impression de me trouver en guépière Chantal Thomas quelque part sur la banquise en plein blizzard. Voyez le tableau. Ou pas...

Et c'est donc sans surprise aucune que je me suis mise à émettre des tas de trucs verts dès le lendemain, sans parler de la fièvre et de la sensation magique d'être passée sous un rouleau compresseur durant la nuit.

Du coup j'ai repensé au film où Adjani campe une prof de Lettres qui pète un boulon et je me suis dit que si j'avais pas eu le dynamisme d'un mollusque dépressif, j'aurais bien rejoué la scène finale avec mon proprio en réclamant une "Journée de la Chaudière qui fonctionne".

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A la place, et en hommage à ce personnage désespéré campé par cette brave Isa, je vous montre mes deux dernières productions, des jupes, justement.

Vous vous souvenez sans doute de ce lainage très fin entièrement brodé que j'avais acheté l'an dernier aux Puces de Champigny, j'avais en tête de le transformer en petite robe sublime dont le patron vient d'un supplément Lutterloh de 1965.

Sauf que j'ai eu un doute. En regardant le tissu j'ai vu qu'il était tissé en biais, en plus d'être fin et mou. Galère et arrachage de cheveux (propres et figés par la glace au demeurant) en perspective. Et parfois je suis pas tellement ravie d'avoir raison, le tissu s'est avéré très difficile à travailler et je me suis retrouvée avec une robe pas franchement portable dont toutes les coutures bougeaient. A la fin, au bord du suicide par ingestion massive de tartiflette, j'ai décidé de sauver ce qui pouvait l'être pour transformer la chose en bête jupe corolle. Une coulisse et un élastique plus tard, j'obtenais une jupe genre patineuse russe, tout à fait dans la thématique Ambre solaire et sable chaud.

Je me suis dit que j'allais pomper les idées de Burda de façon éhontée et vous présenter plusieurs façons de porter les machins.

Voici la version poupée russe, portée au collège et approuvée par la gente féminine présente ce jour-là. Vous noterez l'ajout du petit grrrrr tout à fait dans le ton "Je suis un cosaque, un vrai, un tatoué, t'as intérêt à avoir fait ton devoir de Grammaire, sinon ça va ch*er pour ton matricule!":002

La version plus décontractée (avec collant filé pour un côté plus rock, oui, oui, c'est fait exprès), avec blouson acheté chez Camaïeu pendant les soldes pour une misère:

003

Histoire de me consoler, j'ai ressorti un coupon offert gracieusement par Mimi Kaolin, car j'avais dans l'idée de me faire un Roberto. J'ai pas décidé d'échanger un baril bordélique (mais charmant) de Z'hom contre deux barils douteux dans le plus pur style macho-spaghetti, j'ai juste décidé de me lancer dans la alta- cucita transalpine avec ce modèle de jupe Roberto Cavalli d'un vieux Patrones. Image0001

 Si on regarde attentivement le modèle on voit qu'il y a des empiècements et des angles de partout, chronique d'une galère annoncée...
Le tissu est une suédine, qu'est super douce, vous n'en avez pas idée. J'ai d'ailleurs un temps été tentée de me couper un doudou pour bébé de 19 ans (si, si, je vous jure, je suis à peine majeure), histoire de me consoler de l'absence de Z'hom parti faire des trucs sérieux en Afrique, mais j'ai finalement opté pour la jupe.
J'ai réussi à obtenir un résultat à peu près satisfaisant après moult réajustements et retouches, car, qu'on se le dise, l'angle est l'ennemi de la couturière, surtout quand il est issu d'un exubérant couturier italien.
Voilà ce que ça donne au final:

-Version petite Modâme avec veste Le Suédois dûment ceinturée et broche Emmaüs trouvé l'an dernier pour une demi bouchée de pain:                                                    004

-Version ex fan des sixties avec un petit haut offert, lui aussi, par Mimi Kaolin, que même là vous le voyez pas mais je l'ai épinglé dans le dos parce qu'il est tellement grand que si je lève le bras je risque de créer une émeute (mais qu'il va déchirer sa race quand je l'aurais repris).

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Enfin, bien que je me souvienne clairement avoir dit à Noël qu'on ne me reprendrait plus à faire le chèche Phildar qu'on ne présente plus,parce que quand même, pour quelqu'un qu'a jamais crocheté de sa vie, c'est loooong,  j'ai rempilé en version Superbaby pourpre. Et je rame beaucoup moins que la 1ère fois, j'en suis, doucement, à mon 9ème carré, sans forcer. C'est le métier qui rentre.

Quelques nouvelles sur le front de la maille arrière torse, puisque je me suis remise au tricot, vu que je voulais faire ça:

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Le modèle s'appelle Gabi et vient d'un vieux Rowan. Vous remarquerez le point dentelle qui demande une attention et une rigueur que je ne peux conserver qu'une quinzaine de minutes à la suite, soit un tout petit peu moins que mes bubulles boutonneux, mais pour l'instant j'en suis là et y'a pas trop d'erreurs.

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Voilà, la prochaine fois, si vous êtes sages, je vous parlerais de mes activités nippones du dimanche aprèm.

 

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Commentaires
T
Je découvre en ouvrant la porte de cette fameuse garde robe qu'il va falloir se couturer sans l'aide d'H&M... Très très drôle! Je reviendrai pour un sourir à l'occasion.
T
Je découvre en ouvrant la porte de cette fameuse garde robe qu'il va falloir se couturer sans l'aide d'H&M... Très très drôle! Je reviendrai pour un sourir à l'occasion.
O
J'avais oublié combien j'appréciais ton sens du récit !
I
Bravo pour ta jupe rose !
K
Ah ah ah, je t'adore. Mais qu'est-ce que tu crées vite quand même, c'est louche. Je me demande bien si t'aurais pas un atelier clandestin avec des roumains sous alimentés. J'en fais part dès demain au ministre correspondant, ça va barder, je ne te dis que ça. Accroche-toi à tes jupettes ma poule.
Noueuse d'aiguillette
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