De la sueur, du sang et des larmes
J'ai été absente longtemps, mais j'ai une excuse. Signée par maman et tout et tout. En fait on a failli perdre Z'hom. Je vous sens déjà frémissantes d'effroi mais rassurez-vous, Zhom va bien, sauf que Zhom va arrêter l'andouillette-frites dont il est friand pendant un certain temps.
Vous avez déjà eu sous la main un spécimen mâle redevenant malgré ses presque 30 ans et son mètre 80 au garrot, un petit garçon qui vous demande d'une petite voix de gros Viking souffrant si vous pouvez lui donner un verre d'eau, mais pas celle à température ambiante, ni celle où y'a pas de citron... Bref, il est impossible de coudre quoi que ce soit parce que vous êtes sollicitée pour border régulièrement votre monstre personnel et que vous vous inquiètez trop devant la pupille terne et la truffe froide de l'Aimé.
J'ai donc, au lieu de vous écrire un billet doux et bien senti, veillé Zhom en compagnie de Joli Papa tout un dimanche après-midi.
Mais j'ai quand même, malgré ma petite dame aux camélias agonisante, fait ceci à partir d'un Burda de juin 2004 que j'ai déjà utilisé plusieurs fois,car tel le Uncle Benz de la couture, c'est toujours un succès.
J'ai utilisé un reste de jersey conservé comme une relique puisque c'est mon premier coupon de tissu maille, acheté il y a deux ans chez Toto à Strasbourg.
Zhom revenu d'entre les morts a approuvé, c'est dire s'il est beau mon débardeur.
J'ai utilisé aussi un des patrons achetés un jour de lâchage de cheveux sur mon site de vente de patrons favori, ce qui m'a permis de liquider un autre reste de jersey extirpé des limbes de mes cartons à tissus.
Comme je suis une rebelle j'ai pas mis la petite dentelle, cependant tant de punk attitude devait être contrebalancée et j'ai fini par mettre des pe-perles comme sur le modèle d'origine.
Une fois n'est pas coutume, j'en ai pas fait qu'à ma tête de mule, j'ai suivi les indications et même si mon Anglais est poussiéreux, je dois admettre que New Look c'est bien foutu.
Le prochain projet ça va être d'utiliser le patron Butterick de chemisier que je vous ai montré la dernière fois. Est-ce l'approche de ce jour de deuil qu'est mon 31ème anniversaire? J'ai envie de blouse de pensionnaire, de robe à froufrous, en bref de jouer à descendre d'une colline en courant avec des jupes de calicot telle une vieille Laura Ingalls qu'aurait abusé de l'alcool de prune. Du coup je vais utiliser ça:
Un coupon acheté chez Mondial tissu en polyester brodé dans lequel je vais sans doute transpirer comme un boeuf mais je m'en fous pask'il est beau et que l'amour ça s'explique pas.
J'ai également commencé ça:
Que je vous raconte la génèse du truc. Au commencement étaient mes sinistres 4èmes, les terreurs du collège, au moins connus jusque dans les deux rues derrière la cité scolaire. Bref la pérennité en tant que plus beau groupe mafieux de Champigny leur est promise, entre les trafics de devoirs à la maison, les "J'dirai rien sans la présence de mon avocat" quand on les interroge sur la leçon de Grammaire à apprendre la veille, les règlements de compte dans les couloirs (M'dame, M'dame, David il est en train de maraver grave Alexandre dans le mur! - Non Brahim, on ne dit pas maraver grave on dit "David est en train de corriger avec une violence passible du conseil disciplinaire son petit camarade"), j'ai eu le temps de mettre en place une stratégie dans le genre dictateur africain, qui fonctionne.
J'attendais donc la réunion de remise des bulletins avec fébrilité... Résultat, je suis sortie de là, à l'heure où noircit la campagne, avec la vague impression d'être le Père Fouettard. J'ai fait pleurer un certain nombre d'élèves qui devraient normalement s'épancher ainsi quand ils reçoivent leur copie de conjugaison, mais aussi des parents. La prochaine fois je ramène direct une boîte de Kleenex et carton de Prozac.
Et qu'est-ce qu'on fait dites-moi quand on a la sensation d'être une Cruella sadique et vicieuse? Ben on se jette à corps perdu dans le tricot, c'est bien connu. Voilà donc le début de mon gilet, que du point mousse pour l'instant, le repos de l'âme, en laine Tamarina des 3 Suisses, lot que j'ai acheté dans une brocante pour des clopinettes et qui doit dater des années Get Up. Je le tricote en fil double et la couleur est un beau turquoise bien flashy qui mettra merveilleusement en valeur mon teint de bidet.
Pour achever de me consoler j'ai écouté ça, ainsi que ça. Bon je suis pas reggae ni lounge à la base, pour tout vous dire mon truc c'est plutôt le chevelu permanenté en moule- paquet léopard ou alors le chanteur à oeil de cocker sous prozac. Mais là c'est le groupe d'un copain et c'est bon, ,mangez-en, plein, oui, plein.
La prochaine fois, si vous êtes sage, je vous expliquerais le rapport entre les pouet-pouet du XVIème et la dentellite aigüe.