Cuissot, pouffy-pouf et ornithologie
D'abord, merci pour vos commentaires sur Amande douce. Ils m'ont permis d'aborder cette rentrée avec le minimum de sérénité requise quand on doit rentrer à nouveau dans la fosse aux lions. Les fauves sont excités avant les vacances parce qu'ils sont fatigués, ils sont excités au retour parce qu'ils sont fatigués des congés et le reste du temps ils sont excités parce qu'ils attendent avec impatience leurs prochaines vacances.
Tenons bon camarade! Les vacances de Pâques sont dans 5 semaines (pourquoi je sens que là je vais me faire jeter des cailloux).
De toute façon le fascisme y'a qu'ça de vrai. J'ai donc revêtu mon uniforme de Benito- Adolf et leur ai fait un cours époustouflant sur les connecteurs logiques et leur utilisation dans le cadre d'une argumentation. Evidemment j'ai eu des pertes, deux élèves tombés en catalepsie profonde, 3 suicides par le gaz (comment ça y'a pas de four à gaz dans les salles de classe?) et le reste envoyé en cellule de crise psychologique.
Bref tout ça ça use et donc, pour décompresser, j'ai cousu comme une chinoise en situation irrégulière dans un atelier du Sentier.
J'ai tout d'abord fait ça (j'ai eu la flemme de repasser pour vous la montrer et de l'ajuster correctement):
J'avais acheté des coupons énormes de maille mohair, en bonne mono maniaque que je suis, au marché de la Croix de Chavaux l'an dernier. Evidemment je n'avais pas le début de l'embryon d'une idée de ce que je pouvais en faire. C'est en regardant la chaîne sur les mannequins anorexiques en bouffant des chips trempés dans le reblochon, jubilatoire activité, que j'ai eu l'illumination. Il me fallait une tunique avec col boule à porter sur des leggings histoire de ne pas étaler mon panorama à la face du monde.
J'ai trouvé un modèle basique dans un vieux Burda de 99 et vogue la galère. En fait le plus dur ça a été de le mettre le legging. Imaginez votre servitrice, le visage contracté et douloureux en train d'essayer de glisser son cuissot dans un truc où on ne mettrait pas un mollet de naine de 3 ans. Bref, j'ai souffert mille morts avant de me voir moulée dans ce machin étrange qui me donnait une allure de bouteille d'Orangina géante malgré mes 50 kilos tout mouillés.
Ensuite, profitant de l'absence de Z'hom qui jouait les sarkozystes dévoué jusqu'à la mort à son Corporate enterprise quelque part du côté d'Allès, je me suis cousu une petite jupe que je n'arrête pas de regarder d'un oeil embué tellement je suis contente de moi, une fois n'est pas coutume.
Voici la merveille qui me fait un fondement pouffy-pouf de marquise à tournure (là aussi ni repassée et dépoilée et bien moins jolie qu'en vrai, mais paresse quand tu nous tiens...).
Cerise sur le pompon, elle a l'air super compliquée à faire, ben que nenni!
Deux empiècement, 1 jupe relevée gracieusement par une sous patte coincée par la couture du jupon et un sous-jupon pour préserver ma pudeur de colombe frêle et pudique (j'en vois un qui rigole, là-bas), le tour est joué!
Je vous passe les commentaires de convoitise de mes collègues féminines quand je suis arrivée pimpante et pomponnée dans la salle des profs vendredi. J'ai eu peur un instant qu'on me kidnappe ma jupe et qu'on me laisse rentrer dans mes pénates tout fondement au vent.
Concernant la laine, j'ai eu le syndrôme du médaillé d'or olympique. L'impression déprimante et prétentieuse que je ne ferai jamais mieux. J'ai donc passé plusieurs jours avant la reprise des cours, immobile, extatique et bavante devant mon ouvrage avant de me réveiller et de reprendre du service. Sauf que là je vous dis pas ce que je fais, sinon ça va plus être une surprise. Disons que je tricote un truc pour réchauffer la rouge-gorge d'un mimi pinson du Toshop.
La prochaine fois, si vous êtes sage, je vous parlerais justement de ma nouvelle addiction au tampon de duplication.